La cathédrale de Phat Diem
La petite ville de Phat Diem se trouve à une trentaine de kilomètres au sud de Ninh Binh. Avec le district de Bui Chu, elle forme le centre du catholicisme au Nord du Vietnam, étant le siège du premier évêché du pays. Près de la moitié de la population de cette région reste catholique, malgré l’exode vers le Sud en 1954. L’itinéraire Ninh Binh – Phat Diem est balisé par de nombreuses églises de campagnes, évoquant l’image de la campagne française au 19ème siècle. Construite en 1891 sous l’impulsion du père Six dans un style mariant l’architecture des pagodes bouddhiques et des églises catholiques (style d’ailleurs très symbolique de la nécessité, pour le catholicisme, de s’adapter à une culture fortement bouddhique pour y faire une place), la cathédrale de Phat Diem forme avec une dizaine de monuments en pierre et en bois qui l’entourent un ensemble architectural unique en son genre (à savoir la statue du christ-roi, le campanile, la chapelle St -Joseph, la Chapelle St – Pierre, la Chapelle du Coeur, l’église en pierre, le calvaire, la grotte de Bethléem, la chapelle du Sacré – Coeur de Jésus, la chapelle St – Roch).
La matière la plus utilisée pour la construction de la cathédrale est un marbre gris issu des carrières régionales. Placée dans son temps, la Cathédrale de Phat Diem est une œuvrequi réunit toutes les élites de la sculpture sur pierre. Celle-ci est en effet omniprésente. Elle forme les entrées courbées en arc, les hautes tours, et les sanctuaires. Elle constitue les poutres, les mûrs, les balustrades et les piliers (exceptés ceux de la cathédrale, qui sont en bois de fer, ou go lim, et de dimensions respectables : Ø au moins 80 centimètres pour 11 mètres de fût d’un seul tenant ! ). Elle s’est transformée de manière vivante en abricotier, en pin, en chrysanthème, en bambou, en dragon, enlicorne, en tortue, en phénix. Elle donne vie, en quelque manière, aux récits de la Bible, ainsi bien conservés dans la Tradition chrétienne.
La visite de Phat Diem présente tout son intérêt, non seulement parce qu’elle permet de remonter l’histoire du catholicisme au Viêt Nam, mais également parce qu’elle vous conduit à la découverte d’une architecture exceptionnellement originale et des paysages typiques de la campagne vietnamienne. À l’approche du soir, les sons de la cloche du Campanilese répandent dans l’atmosphère. Les toits courbés se transforment, les uns après les autres, en des cerfs-volants de légende poussés par le vent vers le ciel, apportant avec eux les messages de la pierre, pour répandre la foi et faire connaître au plus grand nombre, toute la beauté cultuelle, culturelle et artistique de cette terre sacrée, cette terre qu’on appelle Phat Diem.
Phat Diem se trouve par ailleurs dans une région où se trouvent les villages d’artisans renommés dans tout le Viêt Nam par la sculpture sur pierre. À en croire les documents historiques, certains d’entre eux existeraient depuis plus de mille ans. C’est le cas du village Nhoi, à ThanhHoa, du village Kinh Chu, à Kim Mon – Hai Duong, ou encore de Ninh Van –Hoa Lu – Ninh Binh. Des traces impérissables du talent de ces villageois artisans sont encore présents sur nombre de constructions et de sculptures : les stèles du temple de la littérature à H0 Nôi, les statuts à Lam Kinh –Thanh Hoa, les palais et tombeaux royaux à Huê, pour ne citer que ceux-ci.
Le parc national de Cuc Phuong
Créé en juillet 1962, le parc de Cuc Phuong est le plus ancien et le mieux aménagé du pays. Il s’agit d’une forêt tropicale vierge, située à 80 km au sud-ouest de Hanoi et s’étendant sur 22200 ha, sans compter une zone tampon d’environ 6550 hectare.
Les premières traces d’habitations humaines dans la forêt de Cuc Phuong datent de 7.000 à 12.000 ans. Des objets façonnés datés de cette époque ont été retrouvés dans de nombreuses cavernes du parc, ainsi que des sépultures humaines, des haches en pierre, lances aux pointes faites d’os, couteaux en coquille d’huître, et même d’outils pour le meulage.
Cuc Phuong possède une étonnante diversité de flore et de faune. On y a dénombré 97 espèces de mammifères, 300 espèces d’oiseaux, 36 espèces de reptiles, 17 espèces d’amphibiens, 11 espèces de poissons, 2.000 espècesde plantes aquatiques et des milliers d’espèces d’insectes.
Un certain nombre d’espèces présentes dans le parc sont listées dans le Livre Rouge du Vietnam des espèces en voie de disparition.
“Il y a différentes espèces de papillons, des lichens, une végétation plus que luxuriante et entendu (plus que vu) quantités d’insectes émettant des sons plus proches de ceux d’une tronçonneuse à moteur, des trompettes de supporters de foot, d’outils dedentiste et tout à fait autres que ceux de nos grillons ou cigales (à moins que ce ne soient de très grosses ses cigales !).
Visite de la grotte Nguoi Xua (elle abrita des hommes préhistoriques) après une bonne grimpette, avec traces de coquillages fossiles, vestiges préhistoriques et squattée par nombre de chauves-souris que notre visite n’a pas dérangées !
Puis parcours en voiture vers une autre partie du parc par une petite route de terre au travers de magnifiques paysages de forêt et espaces occupés par les cultures. Après un pique-nique avec le guide et le chauffeur, ensuite nous avons fait une marche de 2 heures environ tandis que le guide et le chauffeur étaient allé faire la sieste, nous ont-ils dit ; la marche a été pénible, les raidillons détrempés par les pluies de la veille étant rendus très glissants ; on a vite eu la sensation d’étouffer mais c’était si beau ! Nous avons croisé des promeneuses vietnamiennes si étonnées par l’abondance de ma transpiration (on aurait dit que je sortais de la douche) que chacune me toucha le bras ! (heureusement, elles n’étaient que quatre). C’est au cours de cette promenade que nous avons vu un arbre vénérable (1 000 ansdit-on) et, en effet, il est haut, large et imposant ! (70 m de haut sur 45 de diamètre de canopée…). Un moment de repos auprès de cet arbre avec le guide, bavardage et tranquillité malgrès le bruit énorme du «chant » desinsectes.
En rentrant, nous nous arrêtons à la réserve du parc. Là des singes de diverses espèces sont élevés en captivité – certains ont été recueillis dans la nature au Viet Nam ou dans les pays voisins, d’autres, et c’est la pluspart, sont nés là – mais ils seront remis en semi-liberté puis en liberté totale dans le parc de Cuc Phuong”
Hoa Lu, première capitale du Vietnam indépendant
Hoa Lu fut la capitale du Vietnam indépendant de 968 à 1009, avant d’être abandonné au profit de Thang Long – Hanoi. La visite de ce site présente un intérêt certain, non seulement sur le plan du paysage mais également et surtout sur le plan historique.
Pour comprendre la valeur historique de ce site, il faut remonter un peu dans l’histoire du Vietnam. Après une très longue domination chinoise, en 939, Ngô-Quyên chassa les envahisseurs du pays à la suite de la célèbre victoire sur la rivière de Bach-Dang (voir la rubrique sur Haiphong), et fonda la première dynastie nationale dont la capitale fut Co Loa, qui se trouve actuellement en banlieu de Hanoi.
En 963, à la mort du second fils de Ngô Quyên (décédé en 944), le royaume tomba dans l’anarchie et fut partagé entre douze seigneurs. Maisces derniers furent éliminés en quelques années par Dinh Bo Linh, alors gouverneur de la province de HaTinh, l’homme aux « dix mille victoires » qui, après un quart de siècle d’anarchie politique, parvint àfaire taire les grands féodaux. Dinh Bo Linh se proclama empeureur en 968 sous le nom de Dinh Tien Hoang (premier roi des Dinh – ce nom est actuellement donné à l’une des rues entourant le lac de l’épée restituéeà Hà Nôi) et donna à ses États le nom de Dai Co Viet (Le grand Viet glorieux). Pour s’éloigner de la menace du Nord, le nouveau monarque avait fixé la capitale très loin dans le bas du delta, à Hoa Lu, pour des raisons à la fois stratégique (Hoa Lu est entourée à l’Ouest de hautes montagnes et avait comme base arrière tout le bas delta et ses prolongements) et politique (en s’installant à Hoa Lu, le nouveau souverain s’adossait à la région qui l’avait porté sur le trône). Après l’assasinat de Dinh Bo Linh et de son fils en 979, le pouvoir passa aux mains du général Le Hoan, puis à ses fils qui régnèrent à Hoa Lu jusqu’en 1010 sous le nom dynastique des Lê antérieurs.
De nos jours, dans le cadre magnifique des rizières au pied des montagnes, cadre qui devait ne pas changer depuis les Dinh, les grands palais et monuments royaux ont disparu. Les seuls vestiges importants sont deux temples, l’un dédié aux Rois Dinh, l’autre aux Lê antérieurs.
Le premier temple, le plus éloigné, est dédié à Dinh Bo Linh. Au XIème siècle, lors de sa construction, le temple était orienté vers le Nord ; ce n’est qu’en 1696, qu’il fût reconstruit regardant vers l’Est. Après avoir passé deux arcs de triomphe, on se trouve devant le « lit du Dragon », piédestral en pierre du trône royal, où avaient lieu les sacrifices lors des grandes fêtes.
A l’intérieur du temple, la statue de ce premier roi viêt ne date que duXVIIe siècle. Elle est en bronze doré. De chaque côté se trouvent les statues de ses trois fils, ce qui nous oblige à évoquer le sort qui s’acharna sur cette famille.
En 979, Dinh Bo Linh fût empoisonné par un mandarin en même temps que ses deux fils ainés. Jadis, à l’anniversaire du meurtre, on plaçait devant le temple, la statue de l’assassin et on la flagellait publiquement. Cette coutume fût supprimée par Gia Long qui fit brûler lastatue du meurtrier.
Dinh Bo Linh laissait une veuve et un enfant de 6 ans comme prince héritier. On n’a toujours pas fini de jacasser dans les chaumières sur les vraies raisons qui poussèrent la veuve à céder le trône au général en chef et de l’épouser par la suite. Les mauvaises langues ne se privèrentpas d’accuser la veuve de complot, tandis que les livres scolaires vantent les mérites de cette femme qui a su sacrifier l’amour familial au profit de l’amour pour la patrie (ici et ailleurs, l’histoire s’est toujours écrite de diverses manières !).
Le général Le Hoan monta sur le trône. C’est lui qui allait fonder la première dynastie des Lê, et c’est encore lui qui saura repousser victorieusement les Song venus de Chine, puis s’emparer du pays Cham en 982.
C’est donc à Lê Hoan qu’est consacré le deuxième temple qui se trouve à 500 mètre du premier.
Comme le précédent il respire la paix, mais il a comme particularité d’avoir un petit sanctuaire dédié à Confucius et un joli portique décoréde statues polychromes. Vous serez peut-être surpris par le mauvais état de ce temple par rapport au précédent, bien que plus récent. Cela s’explique simplement par le fait que le temple des Dinh est consacré aufondateur de la patrie ; il a donc été restauré plusieurs fois. Le second, beaucoup moins, mais conserve en même temps une plus grande authenticité. A l’intérieur, trônent les statues de Lê Hoan, de son fils etde la reine Duong Van Nga.